psychanalyse
Maux de ventre, asthme, angines chroniques... Et si ces symptômes chez l'enfant étaient une façon d'exprimer ce qui, dans sa famille, a été dissimulé ? C'est...
Maux de ventre, asthme, angines chroniques... Et si ces symptômes chez l'enfant étaient une façon d'exprimer ce qui, dans sa famille, a été dissimulé ? C'est la thèse que développe le psychanalyste Willy Barral dans son dernier livre.
Dans votre livre, vous postulez que les troubles
psychosomatiques des enfants sont une mise en maux des problèmes non réglés de
leurs parents. Comment distinguer ces symptômes spécifiques des affections
ordinaires ?
Willy Barral : Toute maladie, comme l'indique le signifiant
même, est un « mal à dire » une souffrance, et doit donc être soignée en tant
que tel; c'est pourquoi j'évite de classifier les maladies en groupes distincts.
Corps et esprit ne font qu'un. Le corps pense, parle et désire, et l'esprit
s'incarne dans le corps. Soigner le corps ne devrait donc pas interdire de
soigner l'âme. Les troubles psychosomatiques ne sont pas des maladies
imaginaires, ils sont bien réels et expriment une souffrance qui ne parvient pas
à se dire autrement. Les troubles qui résistent aux traitements classiques,
médicamenteux, révèlent une histoire, celle qui n'a pas pu se raconter. Lorsque,
chez
l'enfant, le trouble est chronique, rebelle à tout traitement, il faut
chercher à le décrypter plutôt qu'à l'effacer. Mais malheureusement, on ne prend
pas encore l'enfant au sérieux, on n'écoute pas ce que ses petits maux de
ventre, de tête ont à dire.
Comment l'enfant peut-il capter et écrire dans son corps les non-dits de ses parents ?
Françoise Dolto considérait l'enfant comme un sujet de désir autonome. Elle disait qu'il était appelé par le désir de communiquer avec un autre dès sa conception. Ce désir, qui s'articulera plus tard autour du langage, est d'abord présent dans le corps. Avec sa peau, ses sens, son corps et son inconscient, l'enfant happe, capte et intègre l'histoire psychique de ses parents. C'est ce que l'on appelle « s'incarner dans une histoire familiale ». Littéralement. Dolto n'a pas imaginé cela, elle l'a constaté. Dans les dessins qu'elle recevait, les enfants racontaient des choses dont leurs parents n'avaient jamais entendu parler, mais qui étaient ensuite validées par les grands-parents ! Le bébé communique avec ses cinq sens, mais comme les parents ne comprennent pas forcément cette communication subtile, ils considèrent que communiquer, c'est parler.